Page:Scribe - Théâtre, 15.djvu/484

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mieux, la confiance que nous inspirent les gens… les connaître davantage serait souvent se préparer un regret, surtout quand on doit se séparer, ne plus se revoir.

M. DE BUSSIÈRES.

Qu’importe l’éloignement entre personnes que les mêmes chagrins, les mêmes sentimens unissent et rapprochent ? Ne peut-on pas, quoique séparés, se communiquer ses pensées, ses souvenirs, les vœux que l’on forme l’un pour l’autre ? Accordez-moi cette permission ; elle seule, dans ces lieux où je vous ai vue, me dédommagera de votre absence ; je vous : le demande au nom de nos malheurs et de notre nouvelle amitié.

MADAME DE BLANGY.

N’est-ce pas là une amitié bien prompte ?

M. DE BUSSIÈRES.

Faut-il donc tant de jours pour se juger, pour s’apprécier ? L’amour, dit-on, peut naître d’un coup d’œil, pourquoi n’en serait-il pas de même de l’amitié ? pourquoi n’aurait-elle : pas les mêmes privilèges ; elle qui vaut mieux ? ce serait bien injuste, et ces projets que tout à l’heure nous formions ici, nous les réaliserons de loin. Les confidences ; les souvenirs, les épanchemens du cœur en sont plus doux et plus faciles ; le papier est discret, et c’est causer avec soi même qu’écrire à son ami.

MADAME DE BLANGY.

Eh bien, soit ; mais vous me promettez de tout me dire, de tout me confier ?