Page:Scribe - Théâtre, 15.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. DE BUSSIÈRES.

Je le jure. Vous aussi ?

MADAME DE BLANGY, s’asseyant à gauche,
près de la table.

Sans cela, il y aurait trahison, et, pour commencer, voyons, mon nouvel ami, que ferez-vous dans cette solitude ou je vous laisse ?

M. DE BUSSIÈRES, va prendre une chaise près du piano,
et vient s’asseoir près d’elle.

Mais d’abord je penserai à vous.

MADAME DE BLANGY.

Oh ! non, d’abord à elle.

M. DE BUSSIÈRES.

Cela va sans dire. Et vous à lui.

MADAME DE BLANGY.

Certainement, les souvenirs qu’elle vous a laissés doivent être si doux !

M. DE BUSSIÈRES.

Moins que les vôtres, j’en suis sûr. Songez, donc que je l’ai perdue à la veille d’un hymen, lorsqu’elle ne m’appartenait pas encore, lorsque son cœur m’était presque inconnu, tandis que vous, qui avez passé plusieurs mois près d’un époux adoré, quelle différence !

MADAME DE BLANGY.

Peut-être est-elle à votre avantage. Le bonheur qu’on espère est plus doux que celui qu’on possède. Plein d’amour et d’avenir, tout était bien, tout était beau à vos yeux, et, malgré votre malheur, l’espèce d’enivrement que vous éprouviez alors, vous l’éprouvez encore ; un peu plus tard peut-être, le rêve