Page:Scribe - Théâtre, 16.djvu/353

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FARDOWE.

Un excellent appétit ! un appétit d’artiste, et une soif de chasseur ; deux choses vivaces et tenaces ; car chez moi, ça dure toujours.

JULIEN.

Dame ! vous ne trouverez guère ici à qui parler ; je n’ai que du lait et des fruits.

FARDOWE.

C’est égal, faute de mieux, donne-nous-le toujours. Tiens, voilà, pour ta peine.

JULIEN.

Comment ! une pièce d’or ! j’ai vu quelquefois des seigneurs, de riches cavaliers, la cravache à la main, qui ne donnaient qu’un scheling, et vous, qui tenez un pinceau ! c’est drôle !

FARDOWE.

Oui, mon garçon : il y a des lords qui paient en artiste, moi je suis un artiste qui paie en milord.

JULIEN.

Voilà qui est différent : et à tout seigneur, tout honneur… (À voix basse.) Vous sentez bien que, quand on est garde-chasse dans une forêt remplie de gibier, il faudrait être bien maladroit pour ne pas avoir au moins quelque bonne pièce de venaison.


Air : Tenez, moi je suis un bon homme.

J’vais servir à vot’ seigneurie
Un superbe lièvre que j’ai ;
Jamais en meilleur’ compagnie
Il ne pourrait être mangé :
Les maîtres de ce beau domaine
N’en rencontrent pas d’ si fameux ;