Page:Scribe - Théâtre, 17.djvu/350

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que je pourrais m’écarter un peu du régime qu’on m’a prescrit.

CÉLINE.

Ma mère, attendons le docteur.

MADAME DE LORMOY.

Mais viendra-t-il aujourd’hui ?

BERNARDET.

Je sors de chez lui ; c’est le médecin de Bordeaux le plus occupé ; il était sorti ; mais à son retour, on nous l’enverra ; ainsi, jusque-là, rien de plus que l’ordonnance (Ils se lèvent, le laquais enlève ta table, étrange les fauteuils.) Oui, belle-mère, en ma qualité de substitut, je suis pour qu’on exécute les ordonnances à la rigueur.

LA BARONNE.

Oh ! vous, Messieurs les magistrats, vous êtes d’une sévérité.

BERNARDET.

C’est possible, sous la toge ; c’est notre état qui veut ça ; moi, par exemple, je requiers tous les jours des condamnations ; je suis la terreur des coupables ; j’ai l’air très méchant… (À Céline.) Oui, Mademoiselle, je me fâche tous les jours ; mais jamais pour mon compte, c’est toujours pour celui de la société et de la morale. Dès que j’ai déposé les foudres du ministère public, je suis l’homme le plus doux, le plus facile… je ferai un époux excellent, quand la belle-mère voudra bien le permettre ; car il y a assez long-temps que je suis en instance.

MADAME DE LORMOY, à Céline.

J’en conviens, cette union était le plus cher désir