Page:Scribe - Théâtre, 17.djvu/353

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MADAME DE LORMOY.

Non, non ; cela ne me fatigue jamais de parler de mes enfans. Songez donc qu’à une fatale époque, toute notre famille a été obligée de se réfugier aux colonies ; et quand il fut permis à mon gendre de revoir la France, il ramena avec lui son fils Léon, qui avait ; alors huit ans, confiant à mes soins sa femme, trop souffrante pour le suivre, et ma petite Céline qui venait de naître.

CÉLINE, à la baronne.

Ah ! mon Dieu, oui ; je suis créole.

BERNARDET.

Je sais bien tout ça. Mais, plus tard, ne pouviez-vous vous rejoindre ?

MADAME DE LORMOY.

Plus tard, la guerre éclata.

CÉLINE.

La route des mers nous fut fermée.

BERNARDET, à la baronne.

Je n’y pensais pas.

MADAME DE LORMOY.

Et lorsqu’après seize ans d’exil, nous sommes rentrées toutes deux en France ; toutes deux (car depuis long-temps nous avions perdu sa mère), mon gendre n’existait plus, et mon petit-fils Léon venait de partir pour la Russie.

BERNARDET.

C’est vrai ; cette année-là nous partions tous. Tel que vous me voyez, j’ai fourni un remplaçant. Mais