Page:Scribe - Théâtre, 17.djvu/367

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Ah ! comment achever ? comment lui dire le reste ? (Il se lève) Des fenêtres de ma prison, j’ai vu les soldats du fort tirer sur cette nacelle qui portait mon malheureux ami. Atteint du plomb mortel, je l’ai vu, tout sanglant, tomber et disparaître dans ce fleuve rapide. Ah ! non, ne leur offrons point une pareille image.

Air de Lantara.

Pour leur cœur elle est trop terrible ;
Différons ce coup redouté ;
Par degrés, le plus tard possible,
Apprenons-leur la vérité,
Apprenons-leur la triste vérité.
Oui, dans le doute où les tient son absence,
D’un songe heureux éprouvant les bienfaits,
Ils dorment tous bercés par l’espérance ;
Ah ! puissent-ils ne s’éveiller jamais !


(Il prend sa lettre qu’il ploie et qu’il tient à la main au moment où Bernardet entre)

Scène VI.

THÉOBALD, BERNARDET.
BERNARDET, entrant par le fond, et parlant à un domestique.

Un monsieur, dis-tu, qui désire me parler ?… (Voyant Théobald.) C’est lui, sans doute.

THÉOBALD.

Pardon, Monsieur, j’avais demandé à voir madame de Lormoy.

BERNARDET.

Ma belle-mère ?