Page:Scribe - Théâtre, 18.djvu/149

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que je destinais au dîner de votre seigneurie… Car, Dieu merci, je suis ici jardinier, écuyer, valet-de chambre et cuisinier !…

RAMIREZ.

Eh bien ! approche ici… j’ai une confidence à te faire.

PHILIPPE.

Là, me voilà confident à présent ; encore une charge de plus !

RAMIREZ.

Je vais faire un voyage.

PHILIPPE.

Dieu soit loué ! nous allons donc quitter ces éternelles montagnes où il n’y a je crois d’être vivant que nous et votre élève… Dans ce maudit pays des Algarves, un soleil, une chaleur, que le gibier y rôtirait en plein air !

RAMIREZ.

Écoute Philippe, j’ai un emploi bien important à te confier : pendant mon absence, c’est toi que je charge de veiller sur mon élève…

PHILIPPE.

Comment, vous me laissez tête à tête ? Tenez, seigneur, je ne suis qu’un frère servant, un pauvre frère coupe-choux ; mais on sent son talent et sa vocation… J’ai été élevé dans les cuisines du chapitre de Grenade, je m’y étais déjà fait une réputation par mes olla podrida et mes pommes à la portugaise… Je pouvais aspirer aux meilleures places, entrer chez quelque prince ou dans quelque confrérie, et au lieu de cela vous m’emmenez dans cette retraite, parce