Page:Scribe - Théâtre, 18.djvu/203

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cela produit un mauvais effet dans le monde, et nous l’aimons trop pour lui laisser même l’apparence d’un tort.

GUSTAVE.

J’ai envoyé en son nom, une vingtaine d’invitations à des amis intimes qui ne le connaissent pas, mais que je connais ; ça revient toujours au même. J’ai commandé de sa part un ambigu superbe, et nous ne manquerons pas de vins, puisque tu as les clés de la cave.

LAURENT.

Comment, Monsieur ?

GUSTAVE.

Mon oncle habite l’autre pavillon et n’entendra rien.

ADÈLE.

Nous te promettons le plus grand mystère, le plus profond silence. C’est Fanfare, le trompette du régiment de mon frère, qui conduira l’orchestre, et nous sommes sûrs de lui.

LAURENT.

Quoi, Monsieur, vous croyez que je pourrai me prêter !…

GUSTAVE.

Si je le crois ? J’en suis persuadé ; toi qui nous aime, qui nous a élevés, tu ne voudras pas nous refuser, et quand tu verras, au milieu de l’ivresse générale, les danseurs sauter, les bouchons voler, les flacons brisés, tu te diras, bon Laurent, tu te diras : voilà mon ouvrage.