Page:Scribe - Théâtre, 18.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GUSTAVE, vivement et très haut.

Finissons, Monsieur ; nous ne sommes point vos dupes ; vous seul êtes l’auteur d’une plaisanterie aussi déplacée, et je vous conseille à l’instant…

ROBERT.

Moi, Monsieur, je vous conseille de ne pas parler trop haut. Si votre oncle qui est malade allait vous entendre…

GUSTAVE.

Monsieur, il ne s’agit point ici de mon oncle.

ROBERT, reprenant sa voix naturelle.

Au contraire, Monsieur, et c’est ce qui vous trompe ; vous ne savez peut-être pas qu’il est des oncles qui ne sont pas aussi simples qu’ils veulent bien le paraître ; moi qui vous parle, j’en ai connu un entre autres qui était bien l’homme le plus singulier ; il était assez ridicule pour trouver mauvais qu’on vînt chez lui s’emparer de sa maison à son insu, et qu’on bût son vin sans sa permission.

ADOLPHE.

Ô ciel ! ce serait…

ADÈLE.

Quelle voix !

ROBERT, gaîment.

Ce n’est pas que je n’aie connu aussi des oncles, et j’étais assez de leur avis, qui, après avoir prouvé par une petite vengeance, qu’on avait tort de les prendre pour des sots et de dissimuler avec eux, devenaient les meilleures gens du monde et remerciaient leurs neveux d’avoir bien voulu leur permettre de s’amuser à leurs dépens. Si ces oncles lisaient des