Page:Scribe - Théâtre, 19.djvu/20

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ERNEST.

Et sa femme ?

MADAME DURAND.

Dix-huit ans, de jolis yeux, la douceur, l’ingénuité même ; voilà mademoiselle Estelle de Gercourt.

ERNEST.

Comment dis-tu ? Estelle de Gercourt, une jeune orpheline, qui dépend de son oncle, d’un tuteur ?

MADAME DURAND.

C’est cela même !

ERNEST.

Ma chère Madame Durand, il faut qu’à l’instant même je lui parle, à elle où à M. de Gercourt. Je ne les connais pas ; mais, n’importe, rends-moi ce service.

MADAME DURAND.

Ah ça ? perdez-vous la tête ?

ERNEST.

C’est celle que j’ai refusée. Tout était d’accord, ses parens et les miens. Moi seul…

MADAME DURAND.

C’est ça ; et parce qu’elle est à un autre, voilà que vous y pensez.

Air : Tenez, moi je suis un bon homme.

Ah ! mon dieu, voilà bien les hommes !
Qu’un’ pauvre fille a de malheurs !
Elle trouve, au siècle où nous sommes,
Des amans et pas d’épouseur.
Souvent enfin sur dix ou douze
Pas un seul n’a dit : me voici !
Mais sitôt que quelqu’un l’épouse,
Chacun veut être son mari.