Page:Scribe - Théâtre, 2.djvu/50

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M. DE SAINT-PHAR.

Ne prétendez pas me tromper : je sais tout. Vous n’êtes secrétaire que par hasard, ce n’est pas là votre état.

SOUFFLÉ.

Eh bien oui, monseigneur, c’est la vérité.

M. DE SAINT-PHAR.

Ce n’est rien encore. Vous vous êtes fait aimer de ma fille ?

SOUFFLÉ.

Pour ça, je peux vous assurer…

M. DE SAINT-PHAR, lisant.

Oui, monsieur, elle vous aime ; elle l’avoue elle-même.

SOUFFLÉ, à part.

Là, qu’est-ce que j’ai fait à mademoiselle Élise ? Au moment où ça allait si bien : j’étais lancé…

M. DE SAINT-PHAR, froidement.

Je veux savoir, monsieur, si vous êtes encore digne de mon estime ? Êtes-vous capable de sacrifier votre amour et de renoncer à ma fille ?

SOUFFLÉ, avec feu.

Dieu ! tout ce qui peut vous faire plaisir, tout ce qui peut vous être agréable. (Se mettant à genoux.) Pourvu que je conserve vos bonnes grâces, qui me sont bien autrement précieuses.

M. DE SAINT-PHAR.

Relevez-vous, ma fille est à vous.

SOUFFLÉ, se relevant et hors de lui.

Par exemple, celui-là est trop fort ; et il a juré que