Page:Scribe - Théâtre, 21.djvu/465

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LA MARQUISE.

Ne m’en remerciez pas !… Sir Kennet, ce vieil et célèbre avocat, votre maître et votre patron, était tombé malade au moment de plaider ma cause…

JAPHET.

Et vous avez daigné me la confier, à moi, inconnu au barreau de Londres ; à moi, dont c’était la première affaire.

LA MARQUISE.

Vous la connaissiez si bien ; vous l’aviez étudiée avec tant de soins et de zèle…

ESTHER.

Sans contredit !… Et moi, cependant, si j’osais donner un avis, à votre place, ma tante, je ne plaiderais pas.

LA MARQUISE.

Et pourquoi ?

ESTHER.

N’êtes-vous pas assez riche ?

LA MARQUISE.

Je suis assez riche, certainement, mais on ne l’est jamais assez… Mon nom, mon rang à soutenir… Les sommes que chaque année j’ai l’habitude de donner à la paroisse… Enfin, je ne puis faire d’économies… Et ces biens que l’on me dispute, ces biens de lord Ephelston, dont je suis la plus proche parente, et l’unique héritière, serviraient alors, si vous gagnez ce procès, à l’établissement de ma nièce…

JAPHET, troublé.

Ah ! c’est à cela que vous destinez…