Page:Scribe - Théâtre, 21.djvu/470

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ler assis dans un bureau, face à face avec des livres, Qui ont l’air de me narguer, et qui me mettraient en fureur… Tu as voulu me placer dans l’étude d’un notaire et d’un procureur… j’y serais mort avant de comprendre… Tu l’as vu, je dépérissais déjà…

JAPHET.

Aussi, je t’en ai retiré…

TIMOTHÉE.

Pour me placer chez ce banquier, ton client… encore des livres… de maudits livres, et en partie double, encore… Ah ! avec ceux-là, goddem ! j’ai cru que nous nous fâcherions, et que leurs damnés chiffres me rendraient fou… sans compter que je faisais à chaque instant, et quoique honnête homme, des erreurs de millions et de milliards… que la Banque d’Angleterre elle-même en était stupéfaite, et que notre caissier, qui ne s’y retrouvait plus, a été obligé de me mettre à la porte pour rétablir l’ordre dans la maison…

JAPHET.

À la bonne heure, mais chez le marchand de soieries où tu es maintenant, pour auner du quinze-seize, il ne faut pas de génie…

TIMOTHÉE.

Non, mais il faut de la patience, et je n’en ai pas ! il faut rester dans un comptoir, et j’aime le grand air… Ah ! si j’avais osé !… sans t’en rien dire, je me serais fait soldat… je ne suis bon qu’à cela…

JAPHET.

Je ne le veux pas !… T’exposer aux fatigues, aux dangers…