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Page:Scribe - Théâtre, 21.djvu/523

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TIMOTHÉE.

Je n’en doute pas ! mais Gondolfin…

PLUMCAKE.

Gondolfin, s’il y avait pensé, aurait été encore plus malheureux que moi… car il s’était marié à une brave et honnête femme… les extrêmes se touchent ! Elle était morte en laissant un enfant, un garçon…. qui s’élevait par la grâce de Dieu… car il ne mangeait pas tous les jours, ni nous non plus… table d’hôte économique, rien par tête… Il y avait de quoi la perdre, lorsqu’un matin, nous voyons arriver Gondolfin avec un jeune enfant. Un nouveau convive que je vous amène ! nous cria-t-il, à nous qui en avions déjà un sur les bras, à nous, qui ne savions comment Vivre. C’est celui-là qui nous donnera à dîner, nous dit-il. Et voici quels étaient son idée et son plan, car les idées ne lui manquaient jamais. Assis sur un banc, en été, dans une promenade publique, il avait remarqué un enfant traîné dans son berceau, par une femme de chambre au service de lord Ephelston… Il connaissait, par moi, tous les gens de la maison. Le jour baissait ; elle retournait à l’hôtel. Mais, accostée en route par un jeune soldat aux gardes, la nourrice, distraite, marchait lentement, et s’arrêtait même des minutes entières, écoutant son interlocuteur et ne pensant plus au chariot qui était derrière elle, et qui renfermait son jeune maître.

TIMOTHÉE.

Quoi ! c’était le fils de lord Ephelston ?

PLUMCAKE.

Son fils unique, et son héritier !…