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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/30

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très jeune, mais cela vous passera ; cela vous passera avec l’âge. (Montrant mademoiselle Desroches.) Demandez à mademoiselle ; votre inexpérience se laisse séduire par de nouvelles inventions : l’huile de Macassar, l’eau de Vénus, le baume de la Mecque, et cent autres balivernes qu’ils appellent, je crois, des cosmétiques, et qui ne font pas plus pousser de cheveux que dans le creux de la main. Ah ! si vous aviez usé de la moelle de bœuf, de la graisse d’ours et de la peau d’anguille ! Voilà les vrais conservateurs du cheveu ! Alors c’était le bon temps, c’était le bon temps pour les perruquiers !

Air de la valse des Comédiens.

Jours fortunés, jours d’honneur et de gloire,
Vous n’êtes plus !… mais à mon triste cœur,
Tant qu’il battra, votre douce mémoire
Viendra toujours rappeler le bonheur.

Au temps jadis, la poudre qui m’est chère
Dans tous les rangs brillait avec éclat,
Elle parait l’élégant militaire,
Le jeune abbé, le grave magistrat.

Il m’en souvient ! dans ma simple boutique,
Soir et matin se pressaient les chalands ;
Et sur leur chef, arrosé d’huile antique,
Je bâtissais d’énormes catogans.

Dans tout Paris, dans toute la banlieue,
Mon coup de peigne alors était cité ;
Quand je faisais une barbe, une queue,
J’ai vu souvent le passant en été.

Adieu la gloire, adieu les honoraires !
Tout est détruit ! nos indignes enfants
Ont méconnu les leçons de leurs pères,
Et de notre art sapé les fondements.