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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/36

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de tendresse improvisée… Allons, Alcibiade, mon ami, l’entreprise est hardie, mais le hasard l’a commencée, et ton audace peut l’achever ; tu sais mieux que personne comment il faut saisir l’occasion. Certainement je suis content de mes affaires : la coupe des cheveux donne assez ; la coiffure se soutient ; les faux toupets se consolident ; et dans mes mains actives, le fer à papillotes n’a pas le temps de se refroidir. Mais enfin, je ne suis qu’un coiffeur du second ordre, et dans mes rêves ambitieux, je voudrais déjà m’élancer au premier rang ! Les perruques de Letellier me tourmentent ; les cache-folies de Plaisir me bouleversent ; et les trophées de Michalon m’empêchent de dormir. Ah ! si je pouvais faire un bon mariage ! si je touchais les soixante mille francs qu’on me propose ici ! quelle extension je donnerais à mon commerce ! dans mon atelier, resplendissant de glaces et de cristaux, j’appellerais à mon aide la sculpture et l’histoire : on y verrait couronnés de lauriers les bustes des empereurs romains qui se sont distingués dans notre art : Titus, Caracalla et les autres. Et qui m’empêcherait de réaliser ces projets ? Tout me sourit, tout me seconde : je plais, je suis aimé ; avec une tête aussi romanesque que celle de mademoiselle Desroches…

Air : Traitant l’amour sans pitié.

Je puis, grâce au sentiment,
Brusquer tellement l’affaire,
Qu’il faudra bien que le frère
Donne son consentement :
Cédant à ma loi suprême,
Je veux qu’ici chacun m’aime,