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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/39

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JUSTINE.

Et cette chaîne en or, et ce beau lorgnon… Est-ce que maintenant vous avez la vue basse, vous qui autrefois m’aperceviez toujours du bout de la rue ? vous aviez pourtant de bons yeux dans ce temps-là.

ALCIBIADE.

Oui, c’était bon quand j’habitais le Marais, mais maintenant…

JUSTINE.

Et qu’est-ce que je viens donc de voir par la fenêtre ?

Air de la Robe et les Bottes.

Cette voiture élégante et légère,
Ce beau carrick, ce joli cheval bai.xxxxxxxx

ALCIBIADE.

Dans notre état, c’est de rigueur, ma chère ;
Tout est à moi, jusqu’au petit jockey.
Fut-il jamais condition plus douce ?
Sur le pavé, que l’on me voit raser,
Mon char s’élance, et gaîment j’éclabousse
Le plébéien que je viens de friser.

JUSTINE.

Vous êtes donc riche et heureux ? Ah ! que je suis contente !… Mais vous m’aimez toujours, n’est-il pas vrai, monsieur Alcibiade ? vous ne m’avez pas oubliée ?

ALCIBIADE, à part.

Cette pauvre fille ! elle m’attendrit malgré moi !… (Haut.) Oui, Justine, j’ignore ce qui m’arrivera ; (À part.) j’en épouserai peut-être une autre ; (Haut.) mais tu peux être sûre que je n’en aimerai jamais d’autre que toi.