C’est-à-dire que, selon vous, le nouveau système de coiffure nuit au développement du talent.
Oui, monsieur.
Eh bien ! c’est ce qui vous trompe ; moi qui vous parle, j’ai fait plus d’un succès. Voyez les héroïnes de mélodrame, c’est moi qui leur fournis des cheveux épars ; hier encore, Oreste a passé par mes mains ! c’est moi qui lui ai fait dresser les cheveux sur la tête ! c’est moi qui ai coiffé Andromaque !
Et moi aussi, il y a quarante ans que je l’ai coiffée en poudre. M. Le Kain a passé sous ma houppe, et il n’en était pas plus mauvais.
Laissez donc, il faisait comme vous : il jetait de la poudre aux yeux.
De la poudre aux yeux !
Mon oncle, je vous en prie, apaisez-vous.
Non ; nous ne serons jamais d’accord : jamais tu ne l’épouseras. J’ai vingt mille francs de côté pour ta dot ; mais jamais je ne les donnerai à un coiffeur de boudoir.
Et moi, je ne serai jamais le neveu d’un barbier de faubourg.