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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/43

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ALCIBIADE.

C’est-à-dire que, selon vous, le nouveau système de coiffure nuit au développement du talent.

POUDRET.

Oui, monsieur.

ALCIBIADE.

Eh bien ! c’est ce qui vous trompe ; moi qui vous parle, j’ai fait plus d’un succès. Voyez les héroïnes de mélodrame, c’est moi qui leur fournis des cheveux épars ; hier encore, Oreste a passé par mes mains ! c’est moi qui lui ai fait dresser les cheveux sur la tête ! c’est moi qui ai coiffé Andromaque !

POUDRET.

Et moi aussi, il y a quarante ans que je l’ai coiffée en poudre. M. Le Kain a passé sous ma houppe, et il n’en était pas plus mauvais.

ALCIBIADE.

Laissez donc, il faisait comme vous : il jetait de la poudre aux yeux.

POUDRET.

De la poudre aux yeux !

JUSTINE.

Mon oncle, je vous en prie, apaisez-vous.

POUDRET.

Non ; nous ne serons jamais d’accord : jamais tu ne l’épouseras. J’ai vingt mille francs de côté pour ta dot ; mais jamais je ne les donnerai à un coiffeur de boudoir.

ALCIBIADE.

Et moi, je ne serai jamais le neveu d’un barbier de faubourg.