Page:Scribe - Théâtre, 6.djvu/304

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ques jours, dans une campagne, aux soins d’une de ses parentes…

MARGUERITE.

Eh bien ?

ANNA.

Eh bien !… Je ne sais pas si je dois te raconter le reste.

MARGUERITE.

En quelle autre que moi aurez-vous plus de confiance ?

ANNA.

La guerre venait d’éclater, on se battit aux portes mêmes du parc où nous étions, et un jeune militaire dangereusement blessé… c’était un de nos soldats, un compatriote, pouvais-je ne pas le secourir ? Et puis, te l’avouerai-je, malgré moi je pensais à Julien : Julien devait être de son âge, et je me disais : Peut-être le fils de mes maîtres est-il ainsi malheureux et sans secours.

MARGUERITE.

Quoi ! vous pouvez penser…

ANNA.

Calme-toi, ce n’était pas lui, car je sais son nom ; mais le retour de Gaveston nous fit partir sur-le-champ ; et depuis, je n’ai plus revu mon jeune officier, qui aura pris ma présence pour un songe, et qui, sans doute, m’a déjà oubliée.

MARGUERITE.

Tandis que vous, je devine, vous y pensez encore : vous l’aimez peut-être, et c’est ce qui me fait du chagrin.