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Page:Scribe - Théâtre, 6.djvu/307

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GAVESTON.

Oui ; je vous ai vue hier si émue, si attentive au moment où elle nous a raconté l’histoire du fermier Dikson et de ses pièces d’or, qu’en honneur vous aviez l’air de croire à cette aventure miraculeuse.

ANNA, souriant

Miraculeuse ? non ! car je sais mieux que personne qu’elle est véritable.

GAVESTON.

Allons donc !

ANNA, vivement.

Vingt fois la comtesse d’Avenel m’a raconté ce dernier trait de bonté de son mari, lorsque la nuit même de son départ, poursuivi, errant dans ces ruines, il entendit un pauvre fermier prêt à périr faute d’une somme d’argent ; et c’est pour n’être pas reconnu qu’il lui jeta sa bourse au nom de la dame blanche d’Avenel. Ah ! si tout sentiment de reconnaissance n’est pas éteint dans le cœur du fermier Dikson… (À part.) Celui-là doit me servir.

GAVESTON.

Oh ! rassurez-vous. Il n’est pas ingrat, c’est un des fidèles croyans de la dame blanche ; c’est lui qui cabale avec les femmes des environs, et qui fait courir le bruit dans le pays qu’il m’arrivera malheur d’oser mettre en vente un château qu’elle protège ; mais c’est ce que nous verrons. Je viens de souper chez M. Mac-Irton, le juge de paix, et nous avons pris nos arrangemens pour que la vente commençât demain au point du jour.