Page:Scribe - Théâtre, 6.djvu/308

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ANNA, à part.

Ô ciel ! (Haut.) Ainsi donc, vous, jadis l’intendant de ce château, vous allez en devenir le propriétaire ; vous allez acheter à vil prix le domaine et le titre de votre bienfaiteur.

GAVESTON.

Écoutez, miss Anna, vous savez que je n’aime pas les phrases, et que je tiens au positif. Je ne suis que Gaveston l’intendant, c’est vrai ; mais quand l’intendant Gaveston aura acheté et payé ce domaine, qui donne le titre de lord et l’entrée au parlement, tous les gens du pays, si fiers et si dédaigneux, me salueront humblement comme comte d’Avenel, et oublieront bien vite leur ancien maître : la raison, c’est que je suis riche et qu’il ne l’est plus : chacun son tour : d’ailleurs, avant son départ, le comte d’Avenel avait vendu des biens immenses qu’il avait en Angleterre : qu’a-t-il fait de cet argent ?

ANNA.

Il l’a employé au service du prétendant, vous le savez bien.

GAVESTON.

J’en doute ; à moins que vous n’en ayez trouvé la preuve dans cet écrit que vous a confié la comtesse d’Avenel.

ANNA

À moi ?

GAVESTON.

Oui ; nierez-vous que dans ses derniers momens elle ne vous ait remis un papier mystérieux ?