- Ce n’est pas moi,
- Si fait, c’est moi.
- Oui, je le voi,
- Oh ! c’est bien moi,
- Œil caressant,
- Teint rose et blanc,
- Lèvre en corail
- Et dent d’émail.
- Oh ! c’est bien moi
- Que j’aperçoi,
- Jamais
- Je n’avais
- Vu mes traits,
- Et pourtant je les reconnais.
- Est-ce bien toi
- Que j’aperçoi ?
- Redis-le-moi,
- Oh ! c’est bien toi.
- Regarde-moi ;
- Oui, c’est bien toi,
- Œil caressant,
- Teint rose et blanc,
- Lèvre en corail
- Et dent d’émail.
- Oh ! c’est bien toi
- Que j’aperçoi,
- Jamais
- Je n’avais
- Vu ses traits,
- Et pourtant je les reconnais.
- Ô femmes ! la coquetterie
- Chez vous commence avec la vie !
- Oh ! que c’est gentil un miroir,
- Et qu’on est heureux de se voir !
- C’est assez l’occuper de toi,
- Allons, allons, regarde-moi.
- Toi ?…
- Moi !
- Oui, non !
- Regarde-moi.
- Non, non.
- Est-ce bien moi
- Que j’aperçois ? etc.
- Est-ce bien toi
- Que j’aperçois ? etc.
Je suis jolie, n’est-ce pas ?
Elle me demande cela, à moi !… charmante !
C’est ce qui me semblait ! mais au premier coup d’œil on craint de se tromper.
Il faut convenir que j’ai joliment réussi… Tous ces charmes-là c’est mon ouvrage.
Ah ! tant mieux ! je t’en remercie… Mais je vous demanderai, monsieur, pourquoi vous ne m’avez pas faite plus grande ?
Là ! ce que c’est que l’ambition ! tout à l’heure elle n’était pas plus haute que ça. (Mettant la main contre terre.) Déjà des idées de grandeur !
Non… seulement comme cela (Se levant sur la pointe des pieds.) Rien qu’un peu, je t’en prie ! Qu’est-ce que cela te coûte ?
Je ne peux plus ; ce ne sont pas de ces ouvrages qu’on retouche à volonté !
Ah bien !… tu n’es pas complaisant.
Et toi… si tu n’es pas contente, tu es bien difficile !
Ah ! oui, pardon, je suis une ingrate !
D’ailleurs, de quoi te plains-tu ? N’es-tu pas ce que tu étais autrefois ?
Non, jamais je n’ai été femme… c’est la première fois !
Bah !
Mais, en revanche, j’ai été bien d’autres choses ! (Guido fait un mouvement.) Oui, monsieur. Est-ce que vous ne vous souvenez pas de ce que vous avez été, vous ?
Mais dame !… je croyais avoir toujours été ce que je suis : un jeune homme aimable.
Oh ! moi, je ne dirais pas au juste… mais je me rappelle confusément… il y a bien longtemps, bien longtemps… oui, j’ai été d’abord une petite fleur des champs… une petite marguerite.
Tiens ! une petite Marguerite… c’était gentil, ça !