lire, & que l’eſmotion que le Nom d’Abradate avoit excitée dans ſon ame fut apaiſée, elle donna cette Lettre à lire à Doraliſe & à moy : & voulant pretexter la tendreſſe de ſon cœur en cette occaſion, elle nous dit que lors qu’elle avoit veû ce changement d’eſcriture & le Nom d’Abradate, elle avoit eu peur qu’il ne ſe fuſt ſervy de cette occaſion, pour luy dire des choſes qui luy euſſent donné lieu de ſe pleindre en meſme temps de Perinthe & de luy. Cependant (adjouſta t’elle, apres que Doraliſe eut achevé de lire) vous voyez bien que Perinthe ſans eſtre amoureux, ne laiſſe pas d’eſtre vaillant : & qu’il ſuffit du moins pour eſtre brave, d’eſtre amoureux de la gloire. Car encore que j’aye fait ſemblant de croire comme les autres, que Perinthe aimoit, je vous aſſure que je ne le crois point du tout : & je vous aſſure Madame, reprit Doraliſe, que je ne puis eſtre de voſtre advis. On peut ſans doute, adjouſta t’elle, eſtre vaillant ſans eſtre amoureux : mais je ſoustiens qu’un Brave qui n’aura jamais eu d’amour, ſera du moins brave & brutal tout enſemble : & comme Perinthe ne l’eſt point du tout, il faut conclurre qu’il aime, ou qu’il a aimé. Quoy qu’il en ſoit, dit la Princeſſe, quelque amitié que j’aye pour Perinthe, & quelque joye que j’aye de voir ſes loüanges eſcrites de la main d’un Prince ſi illuſtre, je ne laiſſe pas d’eſtre preſque en colere contre luy : car enfin il faut reſpondre quelque choſe à Abradate. Mais Madame, luy dit Doraliſe, il ne me ſemble pas qu’il y ait grande difficulté à reſpondre à ce qu’il vous dit par ſon Billet : il eſt vray, dit elle en rougiſſant, auſſi ne fais-je pas conſister la difficulté de luy reſpondre ſur ce qu’il m’eſcrit, mais ſur ce qu’il me dit en partant : &
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