de luy faire voir les civilitez de Panthée, il ne s’y pouvoit reſoudre : & il prenoit la reſolution, ſi cette Lettre eſtoit trop obligeante pour Abradate, de la ſuprimer. Il attendit donc cette reſponce, avec autant d’impatience, que s’il euſt envoyé une declaration d’amour à Panthée : quoy que tout ce qui faiſoit ſa curioſité, ne fuſt que de voir ce que la Princeſſe luy diroit d’Abradate : qui de ſon coſté attendoit auſſi cette reſponce avec une eſgale impatience, quoy que ce ne fuſt pas avec une eſgale inquietude. Comme il n’y a que trois journées ordinaires d’Epheſe à Sardis, la Lettre de Perinthe y arriva en deux jours, parce que celuy qui aportoit la nouvelle de la priſe d’Epheſe, fit beaucoup de diligence. Doraliſe qui ne quittoit gueres Panthée, ſe trouva aupres d’elle auſſi bien que moy, lors qu’elle reçeut cette Lettre, qu’elle ſe mit d’abord à lire tout haut : car comme elle sçavoit que Perinthe ne luy mandoit jamais que des nouvelles, elle ne creût pas y devoir trouver autre choſe. Mais lors qu’elle vint à l’endroit qu’Abradate avoit eſcrit, & qu’elle entrevit ſon Nom, devant meſme que d’avoir commencé de lire ce qu’elle voyoit eſtre d’une autre eſcriture que de celle de Perinthe ; elle baiſſa la voix, & en changea de couleur : & achevant de lire bas, Doraliſe & moy creuſmes deux choſes bien differentes. Car Doraliſe, dans les ſoupçons qu’elle avoit quelqueſfois, de la paſſion de Perinthe, s’imagina qu’il avoit peut-eſtre eu la hardieſſe de luy en eſcrire quelque choſe ; & pour moy qui n’en ſoupçonnois rien, je creûs que c’eſtoit quelque affaire qu’elle ne vouloit pas que nous sçeuſſions. Mais apres que la Princeſſe eut achevé de
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