Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/149

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marques d’une affection particuliere : je vous promets de vous ouvrir mon cœur ; de n’avoir aucuns deſſeins que ceux que vous m’inſpirerez ; & de n’agir avec le Prince Mexaris que comme il vous plaira. Mais ſi au contraire, vous continuez de me traitter avec la meſme ſeverité que vous avez euë juſques icy, il ſera difficile, quelque reſpect que je doive au Frere de Creſus, & de la Reine de la Suſiane, que pour m’empeſcher d’eſtre encore plus malheureux que je ne ſuis, je ne cherche les voyes de me vanger de celuy que je croiray eſtre en partie cauſe de mes diſgraces, Il ſemble, dit alors la Princeſſe, que vous aſſurant comme je fais, que Mexaris n’eſt pas fort bien aveque moy, c’eſt vous oſter tout ſujet de vous attaquer à luy : & il me ſemble Madame, repliqua t’il, que puis que c’eſt à ſa conſideration que le Prince voſtre Pere me traitte plus froidement qu’il ne faiſoit autrefois, il n’eſt pas beſoin d’une autre raiſon pour me porter à luy nuire. Si j’ay pourtant quelque pouvoir ſur vous, adjouſta Panthée, vous n’entre prendrez jamais rien contre luy : du moins Madame, adjouſta t’il en me commandant de reſpecter mon Rival pour l’amour de vous, dittes quelque choſe d’obligeant pour l’amour de moy : je diray, reſpondit Panthée en ſous-riant, que je vous pardonne tout ce que vous m’avez dit aujourd’huy, pourveû que vous m’obeiſſiez exactement. je vous obeïray Madame, reſpondit il, mais ce ſera s’il vous plaiſt à condition que vous ſouffrirez que je prenne ſouvent de nouveaux ordres de voſtre bouche : car autrement je craindrois de manquer à ma parole.

Comme Panthée alloit reſpondre, Cleandre arriva, & fit changer de diſcours à la Princeſſe : qui depuis ce jour là, s’accouſtuma peu à peu : à ſouffrir que