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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/174

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Comme ils ſurent au pied de l’Eſcalier Mexaris parla bas à un des ſiens : en ſuitte dequoy il demanda à Abradate, s’il ne voudroit pas bien s’aller promener dans les Jardins du Palais qui eſtoient fort proche ? & comme il luy eut reſpondu qu’il luy ſuivroit, ils y ſurent : Mexaris eſtant accompagné de huit ou dix des ſiens, & Abradate d’un pareil nombre. Auſſi toſt qu’ils ſurent dans ces Jardins, Mexaris mena Abradate dans une grande Allée, où il n’y avoit perſonne : & apres avoir fait ſigne qu’il ne vouloit pas eſtre ſuivy, il s’arreſta : & regardant Abradate d’un air aſſez imperieux ? il y a long temps, luy dit il, que j’ay eu deſſein de vous parler : mais l’eſperance que j’avois, que de vous meſme vous vous porteriez à faire ce que mille raiſons veulent que vous faſſiez, m’a obligé de differer juſques à cette heure à vous advertir, que vous n’agiſſez nullement comme eſtant fils de la Reine de la Suſiane ma Sœur. Car encore que mon âge ne ſoit pas fort different du voſtre, je ne laiſſe pas d’eſtre en droit d’exiger de vous quelque eſpece de defference : & comme eſtant mon Neveu, & comme eſtant refugié dans une Cour, où je dois eſtre plus conſideré que vous. Seigneur (répliqua Abradate, avec une civilité hardie) je ne sçache pas avoir manqué au reſpect que je vous dois, ny comme eſtant Fils de la Reine de la Suſiane, ny comme eſtant refugié en un lieu où vous eſtes en effet tres conſiderable ; c’eſt pourquoy je penſe pouvoir dire, que la pleinte que vous faites de moy eſt injuſte : & que la maniere dont vous vous en pleignez eſt un peu outrageante. Ce que vous faites tous les jours, reprit Mexaris, m’eſt bien plus injurieux : car enfin vous n’avez pas ignoré que l’eſtois amoureux de la Princeſſe de Claſomene : & cependant vous n’avez pas laiſſe