Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/177

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Mexaris s’avança vers une paliſſade ſorte eſpaisse, vis à vis d’une Fontaine jaliſſante qui eſtoit au milieu de l’Allée : & qu’il y prit deux Eſpées, dont il luy en preſenta une : luy diſant que puis qu’il ne pouvoit luy ceder Panthée, il la luy diſputast juſques à la mort. D’abord Abradate ne la prit, que pour parer ſimplement les coups de Mexaris, ſur le viſage duquel il voyoit une fureur qui luy pouvoit faire croire qu’il eſtoit capable de tout entreprendre : mais comme il vit que plus il luy parloit civilement, & que plus il reculoit, plus il l’attaquoit avec fureur, & plus ſa colere augmentoit ; l’amour & la jalouſie eſtant à la fin plus fortes que le reſpect qu’il devoit à Mexaris, il fit ferme, & ſe batit alors comme un homme qui vouloit vaincre, Cependant comme je ne doute pas que vous ne ſoyez en peine de sçavoir comment Mexaris pût trouver ces deux Eſpées dans cette Palliſſade ; vous vous ſouviendrez s’il vous plaiſt, que je vous ay dit qu’au ſortir de chez la Princeſſe, ce Prince avoit parlé bas à un des ſiens : apres quoy je vous diray, qu’il luy avoit commandé abſolument d’aller porter ces deux Eſpées au lieu qu’il luy avoit preſcrit, & qui eſtoit fort remarquable, à cauſe de la Fontaine qui y eſt. Mais apres luy avoir fait ce commandement, il luy en avoit encore fait un autre, afin de l’eſloigner de ce lieu là : & luy avoit ordonné de luy aller querir un homme de qualité, qui demeuroit à l’autre bout de Sardis : luy deffendant de parler à qui que ce ſoit de ces deux Eſpées. De ſorte que dés que ces Princes avoient eſté dans le Jardin, & que Mexaris eut deffendu qu’on les ſuivist, il avoit eſté executer ſon ordre, avec une diligence extréme : mais comme il fut ſorty du Jardin, pour aller chercher cét homme dont Mexaris n’avoit pas beſoin,