Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/198

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nom, lors qu’elle eſcrira à ſon Amie, & qu’elle voudra luy donner des loüanges : car je sçay qu’elle vous eſtime infiniment, & qu’elle ne voudroit pour rien vous facher. Mais encore, adjouſtay-je, pourquoy eſtes vous ſi irrité de ce qu’elle a pris voſtre nom, en une occaſion où elle n’en pouvoit prendre un autre qui y convinſt mieux ? Pherenice, me dit il, ſi vous me voulez promettre fidelité, je vous diray une partie de ce que je penſe : je vous la promets, luy dis-je, pourveu que vous ne me cachiez rien. Comme vous ne me direz jamais tout, repliqua t’il, je ne dois pas non plus vous deſcouvrir tout ce que je sçay : c’eſt pourquoy il ſuffit que vous me juriez que vous ne direz rien de ce que je vous diray. je creus apres cela que Perinthe m’alloit advoüer qu’il aimoit la Princeſſe : & comme il y avoit long temps que j’euſſe voulu luy pouvoir parler de ſa paſſion, afin de taſcher de l’en guerir, je luy promis tout ce qu’il voulut. Apres quoy me regardant fixement ; n’eſt il pas vray Pherenice (me dit il avec une douleur dans les yeux, à donner de la compaſſion à l’ame la plus dure & la plus inſensible) que La Lettre qu’eſcrivoit Doraliſe eſtoit pour Abradate : & que le nom du malheureux Perinthe eſtoit employé, pour cacher celuy de l’adorable Panthée ? Mais, luy dis-je en l’interrompant, vous ne demeurez pas dans les termes de nos conditions : car je vous ay promis de ne reveler point le ſecret que vous m’aurez confié : & cependant je voy parle commencement de voſtre diſcours, que bien loin de vous confier en moy, vous voudriez que je me confiaſſe en vous preſuposé que ce que vous voulez sçavoir fuſt vray, & que je vous l’avoüaſſe. Songez bien Perinthe à ce que vous dittes : & ne commencez pas voſtre diſcours