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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/199

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par des queſtions, ſi vous voulez que je vous reſponde. Joint qu’à vous dire la verité, je ne comprends pas trop bien, quand tout ce que vous penſez ſeroit vray, ce qui n’eſt pas, quel mal vous ſeroit voſtre nom, quand il ſeroit mis à la place de celuy de Panthée. Si le Prince de Claſomene, repliqua t’il froidement, trouvoit quelqu’une de ces Lettres, ne pourroit il pas croire que je ſerois de l’intelligence, que je le trahirois ? moy dis-je, adjouſta t’il, à qui il a dit plus de cent fois, qu’il ne veut pas que la Princeſſe eſpouse jamais Abradate. Ha Perinthe, m’eſcriay-je, vous n’eſtes pas aſſez intereſſé, pour ſonger de ſi loin à conſerver voſtre fortune ! & vous teſmoignez aſſez eſtre attaché au ſervice de la Princeſſe, pour ſervir Abradate, ſi vous croyez qu’elle le regardaſt favorablement : ſi ce n’eſtoit quelque autre raiſon que je comprends avec aſſez de facilité, & que je voudrois pour voſtre repos qui ne fuſt pas vraye. Ouy Perinthe, adjouſtay-je, vous aimez Panthée : un ſentiment jaloux vous a fait imaginer qu’elle aimoit Abradate : & vous a fait trouver ſi mauvais, que voſtre nom fuſt employé dans une Lettre que vous avez creû eſtre pour ce Prince. Il y a long temps Perinthe, pourſuivis-je, que je m’aperçois de la paſſion que vous avez pour elle : cependant je ne trouve pas que vous ayez raiſon de ne vous confier à perſonne, & de cacher un feu qui vous conſume. Une petite eſtincelle s’eſtaint en la couvrant : mais un feu bien vif ſe conſerve & ne meurt poïnt quand on le couvre : c’eſt pourquoy ſi vous m’en croyez, vous m’advoüerez ingenûment ce que je sçay : ou ſi vous ne le faites pas, je ſeray obligée de dire à la Princeſſe toutes les choſes dont je me ſuis aperçeuë. Si vous vous confiez en moy, adjouſtay-je, je vous