Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quand vous aurez quelques heures de loiſir, la meſme Perſonne qui a ordre de contenter la curioſité de la Princeſſe Araminte, ſatisfera la voſtre. Il me ſemble Madame, reprit cette Princeſſe, que ſans differer davantage, au lieu de faire une converſation de choſes indifferentes, il vaudroit mieux employer le temps que l’illuſtre Cyrus doit eſtre icy à contenter ſa curioſité & la mienne. Puis que je me ſuis reſoluë à faire ce qu’il vous plaira, reſpondit Panthée, vous pouvez en uſer comme vous voudrez : à condition que je n’y ſeray pas. Alors la Princeſſe Araminte ſe levant, dit qu’elle meneroit Cyrus a ſon Apartement : qui ſans aporter de difficulté à ſon deſſein, luy donna la main pour la conduire. Panthée rougit en les ſalüant, comme s’ils euſſent dû aprendre qu’elle auroit commis quelque crime : mais à la fin croyant en effect qu’il luy ſeroit avantageux que Cyrus connuſt un peu mieux la vertu d’Abradate, elle envoya avec la Princeſſe Araminte, celle de ſes femmes qui devoit luy raconter ſa vie : qui eſtoit une Perſonne de qualité & d’eſprit, & qui avoit touſjours eu part à tous ſes ſecrets. Cependant Cleonice & Iſmenie demeurerent aupres de Panthée, où Araſpe & Ligdamis revindrent auſſi, apres avoir accompagné Cyrus juſques à l’Apartement d’Araminte : qui eſtant conduite par ce Prince, & ſuivie de Pherenice & d’Heſionide, ne fut pas pluſtost dans ſa chambre, qu’apres avoir fait aſſoir Cyrus, & fait mettre Pherenice ſur un ſiege vis à vis d’eux, elle la pria de commencer ſa narration : & de ne leur dérober pas, s’il eſtoit poſſible, la moindre penſée de Panthée & d’Abradate : comme en effet, cette agreable Perſonne leur ayant fait un compliment, pour leur demander pardon du peu d’art qu’elle apporteroit