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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/242

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le deüil, auſſi bien que toute la Cour, quoy que nous n’y deuſſions plus guere tarder, & quoy que cette mort ne nous affligeaſt guere. Neantmoins tant de choſes funeſtes arrivées en ſi peu de temps, ne laiſſerent pas d’inquieter la Princeſſe : touteſfois comme les ſujets de joye qu’elle avoit, eſtoient aſſez grand pour la pouvoir conſoler : à quinze jour de là le mariage d’Abradate & d’elle fut accomply ſans ceremonie, à cauſe de la mort de Mexaris : la magnificence en eſtant remiſe à Suſe, où nous nous acheminaſmes quelque temps apres, avec un équipage proportionné à la condition, & à la liberalité d’Abradate. La Princeſſe eut meſme la conſolation de pouvoir mener Doraliſe avec elle, malgré la reſistance qu’y fit Andramite, & celle qu’y aporta le Prince Myrſile, ſans que nous ayons sçeu pourquoy : de ſorte que depuis cela cette agreable Fille ne l’a point abandonnée : n’ayant non plus trouvé à Suſe qu’à Sardis, cét homme accompli qu’elle cherche depuis long temps. je ne vous diray point, Madame, comment la Princeſſe fut reçeüe par la Reine ſa belle Mere, ny comment Abradate a veſcu avec elle depuis qu’il l’a eſpousée, juſques au jour que la Fortune les a ſeparez, & que le ſort des armes l’a miſe ſous la puiſſance de l’illuſtre Cyrus, car je ne ſerois peut-eſtre pas creuë : du moins pour ce qui regarde la paſſion du Roy de la Suſiane, qui aſſurément n’a jamais eſté plus violente qu’elle eſt. C’eſt pourquoy il vaut mieux que je me taiſe : apres vous avoir tres humblement ſupliée de me pardonner, ſi je vous ay raconté avec des paroles ſi conmunes, les avantures de deux Perſonnes, de qui la vertu eſt ſi extraordinaire.

Il eſt aiſé, repliqua Araminte à Pherenice, de vous