qu’il n’avoit aucun droit ſur ce Prince, que celuy que la guerre luy donnait. Cependant la choſe ne pût eſtre reſoluë ce jour là, ny meſme le lendemain, quoy que Creſus m’euſt promis de me dépeſcher : durant cela je viſitay, avec la permiſſion du Roy, tous les Priſonniers, ſans pouvoir leur rien dire en particulier : je sçeu touteſfois par Feraulas, que le Roy d’Aſſirie avoit eſté reconnu, douant meſme que d’arriver à Sardis : & que depuis ſa priſon, il avoit toujours eu une melancolie eſtrange : ne pouvant ſe conſoler de ce qu’il n’auroit pas la gloire de vous aider à delivrer la Princeſſe Mandane : & de ce qu’au contraire, il faudroit encore qu’il vous deuſt ſa liberté. En effet, ce Prince me chargea de vous teſmoigner, le déplaiſir qu’il avoit de ne partager pas les perils que vous aurez à courre durant cette guerre : m’ordonnant de vous faire ſouvenir de vos promeſſes, Pour le Prince Artamas, Seigneur, il m’a dit cent choſes obligeantes pour vous dire, auſſi bien qu’Anaxaris, Soſicle, & Tegée : mais durant que j’eſtois avec ces Priſonniers, qui comme je vous l’ay dit, ſont logez à un Palais qui eſt vis à vis de la Citadelle ; dans laquelle on ne les a point mis, parce que Creſus ne veut point que le Prince Artamas ſoit en meſme lieu que la Princeſſe de Lydie : & que le Roy de Pont n’a pas auſſi voulu que le Roy d’Aſſirie fuſt avec la Princeſſe Mandane. Durant, dis-je, que j’eſtois avec ces illuſtres Captifs, Abradate & le Roy de Pont voyant que Creſus ne ſe rendoit point, luy repreſenterent qu’ils avoient deux Perſonnes ſi proches & ſi cheres en voſtre puiſſance, qu’ils avoient lieu de craindre pour elles, s’il ne traittoit pas Artamas en priſonnier de guerre : mais il reſpondit à cela, que tant que Mandane ſeroit en la ſienne,
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