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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/282

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des hommes, ou comme un Barbare, ou comme un meſchant : c’eſt pourquoy je vous conjure de me dire un peu plus preciſément, quel eſt le crime qu’il a commis. Il ſuffit Seigneur, luy dit elle en rougiſſant, que je vous die qu’Araſpe eſt plus propre à mettre à la teſte d’une Armée le jour d’une Bataille, qu’à garder une perſonne de ma condition & de ma vertu. Apres cela Seigneur, ne m’en demandez pas davantage : car c’eſt tout ce que la modeſtie me permet de vous dire. C’en eſt aſſez Madame, c’en eſt aſſez, reprit Cyrus ; & ſans vous donner la peine de me raconter un crime qui ne peut eſtre petit puis qu’il s’adreſſe à vous, je le feray bien confeſſer au criminel : afin que je puiſſe proportionner le chaſtiment à la faute qu’il a faite. Cependant Madame, adjouſta Cyrus, pour vous teſmoigner que ce n’eſt pas mon intention, de vous expoſer à recevoir aucun deſplaisir par ceux qui ſont aupres de vous, choiſissez qui vous voudrez pour vous ſervir, & non pas pour vous garder : ne voulant à l’advenir autre ſeureté que voſtre parole, & vous donnant l’authorité toute entiere de chaſſer qui il vous plaira de ceux qui ſont deſtinez à voſtre ſervice. Ha Seigneur, s’ecria t’elle, voſtre generoſité va trop loin ! Non non Madame, repliqua t’il, ne me reſistez pas s’il vous plaiſt : & ſouffrez que par l’impatience que j’ay de punir celuy qui vous a offencée, le vous quitte pluſtost que je n’en avois eu le deſſein. Panthée rauie de la magnanimité de Cyrus, luy rendit mille graces de la bonté qu’il avoit pour elle : & luy demanda meſme pardon de luy cauſer un nouveau deſplaisir : mais, Seigneur, adjouſta t’elle, comme il eſt des crimes que la vertu ne permet pas de tolerer, j’eſpere que vous m’excuſerez.