fait connoiſtre qu’il avoit quelque meſcontentement de ce qu’il avoit reſolu le jour de la Bataille ſans qu’il le sçeuſt, il le ſuplia de vouloir auparavant que de la donner, taſcher de faire un eſchange du Prince Artamas avec la Reine ſa Femme. Si nous gagnons la Bataille, reprit Creſus, nous la delivrerons bien plus glorieuſement, que par une negociation : vous la pourriez gagner, repliqua t’il, que je ne laiſſerois pas de perdre Panthée : eſtant certain que plus un Party eſt foible, plus les Priſonniers y ſon ſoigneusement gardez. Enfin Seigneur, adjouſta t’il, comme je ne fais pas la guerre pour conquerir des Provinces, mais principalement pour delivrer Panthée, & pour m’oppoſer à la trop grande puiſſance de Cyrus : je ne voy pas que je doive me mettre en eſtat de perdre pour touſjours une Perſonne qui m’eſt ſi chere, à faute de faire une propoſition raiſonnable : c’eſt pourquoy je vous conjure de ne trouver point mauvais, ſi je vous ſuplie inſtamment de vouloir faire faire cette propoſition à Cyrus. Les negociations de cette nature, repliqua ce Prince, ne ſe font pas en auſſi peu de temps qu’il nous en reſte : j’eſpere tant de la generoſité de Cyrus, reſpondit Abradate, que je croy qu’il ne refuſera pas de faire une treſve de quelques jours, ſi vous la luy demandez. je n’ay pas ſeulement accouſtumé de l’accorder à mes Ennemis, reſpondit bruſquement Creſus, c’eſt pourquoy je ne sçay pas comment je la demanderois : joint, adjouſta t’il, que je ne voy pas que cét eſchange ſoit fort juſte ny fort à propos, ſur le point de donner une Bataille. Car enfin vous voulez mettre une Princeſſe dans Sardis : & dans le meſme temps, envoyer dans le Camp Ennemy, un des plus vaillants hommes de la Terre. Non
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