Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/319

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Si je n’avois à parler de mon Maiſtre qu’à j’illuſtre Cyrus, mon recit ſeroit ſans doute beaucoup plus court qu’il ne ſera : mais devant en entretenir deux Grandes Princeſſes, de qui il n’a pas l honneur d’eſtre connu, que comme les Perſonnes de cette condition ſe connoiſſent ordinairement, c’eſt à dire ſans ſe voir ; je penſe que je ſeray obligé de leur aprendre en peu de mots, le commencement de ſa vie : afin qu’elles en puiſſent mieux entendre la ſuitte. Il n’eſt nullement neceſſaire, interrompit la Princeſſe Araminte, que vous preniez la peine de nous dire tout ce qui eſt advenu au Prince Mazare, depuis qu’il arriva à Babilone, juſques à ce qu’il fut laiſſé pour mort aupres de Sinope, dans la Cabane d’un Peſcheur : car nous sçavons qu’il ne pût devenir amoureux de la Princeſſe Iſtrine, quoyque le Prince d’Aſſirie l’en priaſt : & qu’il le devint malgré luy de la Princeſſe Mandane, le jour qu’elle entra en Triomphe dans cette grande Ville. Nous n’ignorons pas nô plus, qu’il la ſervit importamment tant qu’elle y fut : nous sçavons que par un ſentiment d’amour, plus fort que ſa raiſon & que ſa generoſité, ce fut luy qui voyant qu’elle alloit eſtre delivrée par la priſe de Babilone, trouva l’invention de la