Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/338

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plus affligé de n’avoir pas delivré la Princeſſe Mandane, que je le fus de n’avoir pas trouvé mon Maiſtre, & de ce que je ne pouvois plus où le chercher, ne sçachant pas en quel lieu eſtoit cette Princeſſe, que je cherchois ſeulement afin de trouver pluſtost le Prince Mazare. Cependant il falut prendre patience, & taſcher de ſe conſoler, d’avoir perdu tant de temps inutilement. Comme je n’ignorois pas que vous aportiez tous les foins imaginables à deſcouvrir ce qu’eſtoit devenuë la Princeſſe Mandane, je me reſolus de ſuivre touſjours la route que vous prendriez : mais comme je ne voulois pas eſtre connu de vous, encore que j’en euſſe eſté ſi favorablement traité à Sinope, parce que je ne voulois ny vous aprendre la veritable cauſe qui me retenoit en Armenie, ny auſſi vous la déguiſer ; j’eſvitay voſtre rencontre avec tant de foin, qu’en effet je ne fus point veû de vous. je demeuray donc caché à Artaxate, juſques à ce que sçachant que vous croiyez que la Princeſſe Mandane eſtoit à Suſe, & qu’elle devoit aller traverſer le Païs des Matenes, qui touche l’Armenie & la Cilicie, je pris le deſſein de prendre cette route là : & en effet ayant trouvé un Guide qui sçavoit admirablement les chemins, il me conduiſit par un ſi court que je joignis Abradate & le Roy de Pont qui conduiſoient cette Princeſſe, devant qu’ils ſe fuſſent ſeparez : & par conſequent devant que vous euſſiez combatu le Roy de la Suſiane. Il eſt vray que je ne jugeay pas à propos de me monſtrer à la Princeſſe Mandane : & je me contentay de regarder paſſer toutes les Troupes qui l’eſcortoient, & tout le train qui la ſuivoit. Mais n’y ayant pas trouvé ce que je cherchois, je penſay que peut-eſtre le Prince Mazare ſe contentoit il de tenir la meſme