pour me tenir ſa parole, commença de luy dire qu’il le ſuplioit de vouloir encore luy donner le reſte du jour : voulant preſuposer qu’il ne mettoit point en doute qu’il n’euſt deſſein de le quitter. Mais à peine eut il dit cela, que mon Maiſtre le regardant ; non non Beleſis, luy dit il, le changement qui eſt arrivé en ma fortune, n’en doit guere aporter à ma forme de vivre : & c’eſt bien un aſſez grand malheur pour moy, de ne pouvoir ſeulement jamais rien pretendre à l’eſtime de la Princeſſe Mandane, ſans qu’il ſoit beſoin qu’elle ſoit morte, pour m’obliger à renoncer à la ſocieté des hommes. Il eſt pourtant vray, dit Beleſis, que le deſespoir de ſa mort, fut ce qui vous porta à prendre la reſolution de vous eſloigner de la veuë du monde : il eſt certain, repliqua Mazare ; mais pourquoy voulez vous aujourd’huy que je n’ay plus que quelques pas à faire pour mourir, & que je me ſuis accouſtumé en quelque ſorte avec la douleur, que j’aille commencer une autre vie, où j’en trouveray une plus aigre ? Songez bien Beleſis à ce que vous me conſeillez : & dittes moy preciſément ce que vous jugez que je doive faire. Seigneur, reprit il, je penſe qu’un homme ſans amour, vous conſeilleroit de taſcher d’oublier la Princeſſe Mandane, & de vous en retourner, pour donner la joye au Roy voſtre Pere & à la Reyne voſtre Mere de vous revoir : mais comme je ne ſuis pas ignorant de la puiſſance de la paſſion qui vous poſſede, je vous dis ingenûment, qu’encore que je trouve que vous deviez quitter mon Deſert, je ne voy pas ce que je voudrois que vous fiſſiez : c’eſt pourquoy c’eſt à vous à vous conſeiller vous meſme, & à ſuivre voſtre inclination. j’ay paſſé toute la nuit, repliqua
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