quelque eſpece de ſatisfaction, le retour du Roy de Pont, & l’arrivée des Princeſſes, qu’il devoit amener.
Deux jours apres la nouvelle vint que le Prince Artamas ayant voulu entreprendre quelque choſe, pour la liberté des Princeſſes, avoit eſté pris & bleſſe en divers endroits : & que tous ceux qui l’avoient accompagné, avoient eſté deffaits où faits priſonniers. A deux heures de là, un autre Courrier d’Andramite arriva, qui vint aprendre à Creſus que le Roy d’Aſſirie ſe trouvoit eſtre parmy ces Priſonniers : ayant eſté reconnu par un Capitaine qui avoit eſté à la guerre de Babilone. Cette nouvelle qui reſjouït extrémement Creſus, affligea mon Maiſtre : car encore que le Roy d’Aſſirie fuſt ſon Rival, il ne pût aprendre ſans douleur, qu’un ſi Grand Prince fuit en un ſi pitoyable eſtat : principalement conſiderant que ce dernier accident ne luy ſeroit point arrivé, s’il ne luy euſt jamais enlevé la Princeſſe Mandane. Joint auſſi que ne craignant pas moins d’eſtre reconnu par ce Prince que par la Princeſſe, de peur que tous ſes deſſeins ne fuſſent traverſez ; il ſe vit encore contraint de ſe cacher plus ſoigneusement, le jour que la Princeſſe, & les priſonniers entrerent dans Sardis. Et en effet, je le confirmay ſi puiſſamment dans la reſolution où il eſtoit, d’aporter beaucoup de ſoin à s’empeſcher d’eſtre connu ; que le jour de l’arrivée de ces Princeſſes eſtant venu, il demeura au lieu où il logeoit : car par bonheur, la Ruë où nous demeurions, ſe trouva eſtre de celles par où Mandane devoit paſſer, & où elle paſſa en effet. De vous dire, Seigneur, ce que la veuë de cette Princeſſe fit dans le cœur de mon Maiſtre, c’eſt ce que je ne sçaurois faire : ce qu’il y a de vray, eſt qu’elle n’augmenta pas tant ſon amour que ſon repentir :