qui luy venoit d’arriver : par hazard Beleſis & moy l’ayant trouvé, il nous dit ce qui luy eſtoit advenu : en ſuitte dequoy s’arreſtant vis à vis de nous & nous regardant fixement, ne faut il pas advoüer, nous dit il, que la Fortune eſt bien ingenieuſe à me tourmenter, & à vouloir que je ſois touſjours criminel, & touſjours malheureux ? puis qu’enfin, nous dit il, je voy bien que pour faire une bonne action, comme eſt celle de delivrer la Princeſſe que j’ay enlevée, il faudra que j’en face cent mauvaiſes : il faudra, dis-je, que je me déguiſe ; que je trompe ceux qui ſe fient en moy ; que je parle touſjours contre la verité ; que je ſois d’un Party, en faiſant ſemblant d’eſtre d’un autre ; & tout cela pour mettre la Perſonne que j’adore en la puiſſance d’un Rival aimé. Car mes chers Amis (nous dit il preſques les larmes aux yeux) mettre Mandane en la ſienne propre, c’eſt la mettre aſſurément bien toſt en celle de Cyrus : cependant je me le ſuis promis à moy meſme : & il faut ou l’executer, ou mourir. Seigneur, reprit Beleſis, je ne deſespere pas de vous donner les voyes de faire le premier : car, luy dit il, j’ay trouvé les moyens en ſubornant quelques uns des Gardes de Tegée de parler à luy pluſieurs fois : & de le diſposer à faire tout ce qu’il pourra pour taſcher de ſurprendre la Citadelle. Il m’a meſme donné un Billet pour un vieil Officier qui y demeure, qu’il m’a dit eſtre fort avare, & que j’ay en effet trouve tout preſt à recevoir des preſens : etpar conſequent auſſi tout preſt à faire tout ce que l’on voudra pourveû qu’on luy donne. Il m’a dit de plus, que lors que l’on aura trouvé les voyes de delivrer les Princeſſes & ſa chere Cyleniſe, il sçaura bien trouver celles de s’eſchaper, ſans que perſonne s’en meſle. Parce que celuy qui commande
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