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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/410

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en effet Madame, pourſuivit il, puis que je ne puis eſtre ſouffert de vous, ny comme voſtre Amant, ny comme voſtre Amy ; & que vous ne pouvez croire que je ſois capable de repentir : il faut bien que je cherche les voyes de me jetter en un peril ſi grand, qu’il y ait certitude de vous delivrer pour toujours, de la veuë d’un Prince que vous haïſſez juſques au point, de ne vouloir pas recevoir la liberté de ſa main. La Princeſſe entendant parler mon Maiſtre avec tant de violence, creût par ce qu’il luy diſoit, & par ce peril qu’il vouloit chercher, qu’il entendoit de ſe battre avec l’illuſtre Cyrus : de ſorte, Madame, que prenant la parole, elle luy dit certains mors qui firent connoiſtre au Prince Mazare, la crainte qu’elle avoit qu’il ne vouluſt entreprendre quelque choſe contre ce Prince. Mais à peine eut il compris ce qu’elle vouloit dire, que ſans luy donner loiſir d’achever d’expliquer la penſée ; je vous entens, Madame, je vous entens, luy dit il ; vous ne voulez pas que Cyrus ait l’avantage de me vaincre, puis que vous ne voulez pas que je le combatte : mais ne craignez pas Madame, que dans les ſentimens où je ſuis, j’entreprenne rien contre luy. j’ay trop de reſpect pour ce que vous aimez pour y ſonger : & je ſuis moy meſme aſſez obligé à ce Prince, pour ne pouvoir m’y porter avec honneur. Ainſi Madame, ſi je meurs par la main de l’illuſtre Cyrus. il faudra qu’il me cherche, & qu’il me tuë meſme ſans que je me deffende ; ce qu’il n’eſt pas capable de faire. Voila Madame, juſques où va le reſpect que j’ay pour vous : & quels ſont les ſentimens de cét homme que vous dittes qui vous veut tronper une ſeconde fois. Croyez donc que ſi je rencontre Cyrus, je luy demanderay la mort comme une recompenſe