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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/409

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colere & avec haine : quoy qu’il n’y ait rien de plus certain que je vous veux delivrer. Dittes moy du moins ce qu’il faut faire, pour vous perſuader que je ne ments pas, & pour vous monſtrer mon cœur à deſcouvert : je n’en sçay rien, reprit elle, mais je sçay que je ne me fieray pas à ce que vous dittes : c’eſt pourquoy obligez ceux qui vous ont fait entrer, à vous faire ſortir promptement : & contentez vous que j’aye la generoſité de ne vouloir pas vous perdre : & de ne faire pas advertir les Gardes, que vous ne pouvez pas avoir tous gagnez, que vous eſtes icy. Ne penſez pas, adjouſta t’elle, que ce ſoit parce que je doute ſi ce que vous dittes eſt vray ou faux, que j’agiſſe comme je fais : mais c’eſt que je ne ſuis pas cruelle : & que de plus les premiers ſervices que vous m’avez rendus, ont eſté aſſez conſiderables, pour m’obliger à ne vouloir pas eſtre cauſe de voſtre mort. Au nom des Dieux Madame, luy dit il, ne me deſesperez pas, & croyez moy : au nom des Dieux, repliqua t’elle ne me perſecutez pas davantage, & me laiſſez en repos. De grace Marteſie, adjouſtoit ce Prince, perſuadez voſtre illuſtre Maiſtresse, de ſe fier en mes paroles : Seigneur, luy repliquoit cette ſage Fille, j’advoüe que je vous croy : mais j’advoüe en meſme temps, que je n’oſerois pourtant conſeiller à la Princeſſe de vous croire : c’eſt pourquoy ce n’eſt pas à moy à la perſuader. Que faut il donc que je face ? reprit il, & que puis je faire autre choſe que mourir ? car comme je n’avois quitté ma Solitude que pour vous delivrer, dit il à Mandane, & pour obtenir mon pardon : ne pouvant faire ny l’un ny l’autre, je n’ay plus rien à chercher que la mort. Auſſi la chercheray-je en des lieux & en des occaſions où apparamment je la trouveray :