Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/491

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que des galanteries de village : & vous n’avez enfin aſſujetty que des Provinciaux aſſez ruſtiques : cependant vous eſtes auſſi aſſurée de vous meſme, que ſi vous aviez veû à vos pieds tout ce qu’il y a d’honneſtes gens à Suſe, & que vous les euſſiez meſpriſez. Croyez Leoniſe, pourſuivit elle, qu’il n’eſt pas trop à propos d’avoir ſi bonne opinion de ſes forces : & j’en connois de plus fieres que vous, qui pour avoir meſpriſé leurs Ennemis, ſe ſont quelqueſfois trouvées vaincuës : c’eſt pourquoy ne vous haſtez pas tant de publier que vous elles invincible. Quand vous aurez eſté une année ou deux à la Cour, & que voſtre beauté vous y aura fait un nombre infiny de ſes Eſclaves qui ne portent des chaines que pour les donner s’ils peuvent, à celles qu’ils apellent leurs Maiſtreſſes, & que vous vous en ſerez bien deffenduë ; nous ſouffrirons alors que vous parliez avec toute la hardieſſe que vous venez d’avoir : mais juſques à ce temps là, je vous déclare que je ne le ſouffriray pas. J’aime donc mieux me taire, reprit Leoniſe que de diſputer contre vous :

apres cela nous fuſmes encore quelque temps en converſation : en ſuitte de quoy nous nous retiraſmes, Beleſis, Hermogene, & moy, fort ſatiſfaits de la beauté & de l’eſprit de Leoniſe, & trouvant tous, comme il eſtoit vray, qu’il n’y avoit rien de plus beau ny de plus aimable qu’elle, en toute la Cour ny en toute la Ville. Beleſis ne s’expliqua pourtant pas ſi preciſément que nous : & il nous dit ſeulement, que ſi Leoniſe n’euſt : point eu de Parente à Suſe, elle euſt eſté au deſſus de tout ce qu’il y avoit d’aimable. Cependant comme il ne pouvoit preſques plus voir Cleodore ſans voir Leoniſe, parce qu’elles demeuroient en meſme Maiſon, il falut qu’il la viſt