Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/499

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les Sales fraiſches : ils prennent meſme garde juſques aux ſieges : les uns parlent de torquer des chevaux ; les autres d’un intereſt qu’ils ont : quelques uns attendent l’heure d’une aſſignation ; les autres encore ne sçachant où aller, ſe tiennent là par neceſſité ; & peut-eſtre y aura t’il tel jour, où de cent hommes qui iront dans une de ces Maiſons, il n’y en aura pas un qui y aille pour celle qui en fait les honneurs. Pour moy qui ne veux que des gens qui me cherchent, je ne puis pas vivre ainſi ! c’eſt pourquoy, adjouſta t’elle en ſe levant, de peur que ma converſation ne vous ſemble trop longue à tous deux, je m’en vay à ma Chambre, où il n’entre guere que des gens qui me plaiſent, & à qui je ne deſplais pas. Par cette raiſon dit Leoniſe nous vous y ſuivrons Beleſis & moy : car je veux eſperer que nous ne vous deplaiſons pas : & vous sçavez bien que vous nous plaiſez beaucoup. Je vous ſuis infiniment obligé, dit Beleſis à Leoniſe, de parler ſi fort à mon avantage : mais j’ay bien peur que Cleodore ne demeure pas d’accord d’une partie de ce que vous dittes. Je fais encore moins que vous ne penſez, dit elle, car je ne demeure d’accord de rien : eſtant certain qu’en la colere où je ſuis, ny je ne vous plais, ny vous ne me plaiſez. En diſant cela Cleodore s’en alla, & tira la porte de la Chambre apres elle : teſmoignant par cette action, qu’elle ne vouloit pas que Leoniſe ny Beleſis la ſuiviſſent. Ils n’auroient pourtant pas laiſſé de le faire, ſi dans le meſme temps qu’ils ouvrirent la porte pour ſuivre Cleodore, il ne fuſt arrivé du monde : qui fit que Leoniſe ne pût executer le deſſein qu’elle avoit. Cependant Beleſis qui connoiſſoit l’humeur de cette Perſonne, ſe ſepara de la Compagnie, & voulut