d’une autre. Et de qui ? luy demanda Praſille ; vous m’avez ſi cruellement fait la guerre de ma curioſité, reprit elle, que je ne veux point contenter la voſtre. Je voudrois pourtant bien. sçavoir, reſpondit Praſille, de qui vous penſiez que Beleſis fuſt amoureux : j’ay tant de dépit de m’eſtre tronpée en mon jugement, repliqua Leoniſe, que je mourrois pluſtoſt que de vous le dire. Je ne vous diray donc plus jamais rien de toutes que vous voudrez sçavoir, reſpondit Praſille ; je voudrois pourtant bien que vous m’apriſſiez tout ce que vous sçavez de l’intelligence de Beleſis & de Cleodore, reprit Leoniſe : j’en sçay ſans doute plus de cent choſes, repliqua Praſille mais je ne vous en diray pas une, ſi vous ne me dittes qui vous vous eſtez imaginée que Beleſis aimoit. Puis que vous le voulez, luy dit Leoniſe, je vous diray que je penſois qu’il fuſt amoureux de vous : ha Leoniſe, s’eſcria Praſille, que vous eſtes peu ſincere, & que vous me croyez ſtupide, ſi vous penſez me perſuader ce que vous dittes ! non non, adjouſta t’elle, on ne m’attrape pas ſi aiſément : mais pour vous punir de l’avoir voulu faire, je m’en vay vous dire ce que vous ne voulez pas m’advoüer Gardez vous bien, luy dit Leoniſe en riant, d’aller diviner la verité, car je ne vous le pardonnerois jamais : principale ment puis que je me ſuis trompée : & je me vangerois meſme ſur Beleſis. Voila donc, Seigneur, comment ces deux aimables Perſonnes s’entendirent à la fin, ſans s’expliquer preciſément : & voila comment Leoniſe aprit qu’il y avoit intelligence entre Beleſis & Cleodore. Cependant les yeux de Beleſis luy avoient tant dit de choſes, qu’il y avoit des inſtants où elle ne sçavoit ſi elle devoit pluſtoſt croire les paroles de Praſille, que les regards de Beleſis : touteſfois
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