reprit elle, je ne vous la puis pas oſter ! Il eſt vray, reſpondit Beleſis, mais vous me la pouvez donner. Puis que vous la pouvez trouver en vous meſme, repliqua Leoniſe, il ne faut point la chercher en autruy : de grace, reprit il, ne me refuſez pas abſolument tout ce que je vous demande : & faites du moins une choſe pour moy. Mais afin que vous me la promettiez ſans repugnance, je vous declare que ce que je vous demanderay ne ſe pour a apeller faneur : avec cette condition, reprit elle, je vous permets de dire ce que vous voulez. Apres cela, repliqua Beleſis, je ne craindray point de vous ſuplier de croire, que toutes les fois que je parleray à Cleodore, j’auray une extréme douleur de ne parler point à Leoniſe : & que tous les teſmoignages d’affection que je luy rendray, de peur qu’elle ne me banniſſe d’aupres de vous, ſeront des preuves de la paſſion que j’ay pour cette belle Leoniſe. Et vous n’apellez pas cela faveur ? reprit elle en riant ; non reſpondit Beleſis, mais un moyen pour en obtenir. Mais de grace, reprit elle, quelle plus grande faveur peut on faire, que d’eſcouter ? eſcouter, repliqua Beleſis, n’eſt aſſurément que civilité : mais aimer eſt une veritable faveur. Cela eſtant, repartit Leoniſe, vous avez bien fait, de ne pretendre pas d’eſtre favoriſé de moy : car Beleſis, à vous dire la verité, je trouverois ſans doute quelque vanité à faire, ſi j’avois oſté un Amant à Cleodore : mais apres tout (s’il m’eſt permis de dire une ſi grande rudeſſe, à un homme qui me dit de ſi grandes douceurs) je penſe qu’il eſt de l’inconſtance, & des inconſtants, comme de la trahiſon & des traiſtres : c’eſt à vous Beleſis (adjouſta t’elle en ſous-riant, pour oſter quelque choſe de l’amertume de ſes paroles) à faire l’aplication de ce que je
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