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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/527

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t’elle, du moins en particulier. Mais encore une fois Hermogene, adjouſta Cleodore, vous n’agiſſez comme vous faites que par les ordres de Beleſis, ſans que j’en puiſſe touteſfois comprendre la raiſon : car enfin, puis qu’il faut vous parler avec ſincerité, ſi vous eſtiez devenu ſon Rival, vous ſeriez un peu moins ſon Amy. Cependant je vous voy vivre aveque luy comme à l’ordinaire : c’eſt pourquoy ſi vous me voulez obliger, dittes moy un peu quel avantage il pretend de cette fourbe ? Comme je ne ſuis pas auſſi mauvais Amy que vous me l’avez reproché, dit il, je ne vous diray rien de ce qui regarde Beleſis : mais je vous diray ſeulement, qu’il ne sçait point la paſſion que j’ay pour vous : & que par conſequent il ne peut pas sçavoir que j’aye la hardieſſe de vous dire que je vous aime. Mais Madame, ne m’accuſez pas legerement, ny d’infidelité pour mon Amy, ny de temerité pour ma Maiſtreſſe : & laiſſez au temps & à voſtre raiſon, à connoiſtre de toutes ces choſes. Je n’ay que faire du temps, reprit elle, pour sçavoir que je ne dois pas ſouffrir que vous me parliez comme vous faites : c’eſt pourquoy ne le faites plus, ſi vous ne voulez que je paſſe de la colere où je ſuis à la haine. Apres cela, Hermogene dit encore beaucoup de : choſes plus paſſionnées que les premieres : il les dit meſme d’un air qui fit que Celodore connut en effet qu’il ne la haïſſoit pas. Auſſi fut-ce par cette croyance, qu’apres qu’elle eut bien agité la choſe en elle meſme, lors qu’Hermogene l’eut quittée, elle prit la reſolution de ne rien dire à Beleſis de ce qui c’eſtoit paſſé entre eux, quand meſme ils ſe remettroient tout à fait bien enſemble, de peur qu’il n’en arrivaſt quelque deſordre. Car encore qu’elle euſt deſſein d’eſtre tres