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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/528

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fidelle à Beleſis, elle ne laiſſoit pas de ſouhaitter qu’il n’arrivaſt point de malheur à Hermogene pour l’amour d’elle : c’eſt pourquoy elle ne püt pas prendre la reſolution de rompre abſolument aveque luy : ſe contentant de faire ce qu’elle pourroit, afin d’eſviter qu’il fuſt ſeul avec elle.

Apres qu’Hermogene fut party, elle fut à la Chambre de Leoniſe, d’où Beleſis ne faiſoit que de ſortir : mais comme elles avoient toutes deux l’eſprit fort occupé à penſer à tout ce qu’on leur avoit dit, & à taſcher de connoiſtre la verité ; leur converſation eut quelque choſe d’aſſez particulier. D’abord que Cleodore entra. Leoniſe prenant la parole ; du moins, luy dit elle, apres avoir eu la cruauté de me quitter aujourd’huy, aprenez moy ce que vous avez apris à vos viſites. Comme je n’ay trouvé perſonne, reprit Cleodore, & que depuis cela je n’ay bougé de ma Chambre avec Hermogene, je ne sçay que ce que je sçavois quand je vous ay quittée : & c’eſt plus toſt à vous à me dire des nouvelles, que non pas à moy à vous en aprendre. Je vous aſſure, repliqua Leoniſe, que ſi vous ne sçavez que ce que je sçay, vous n’en ſerez pas bien informée : car je n’ay veû que Beleſis, qui ne m’a rien apris du tout. Vous avez pourtant eſté avez long temps enſemble, repliqua Cleodore ; je n’y ay pas eſté davantage, reprit Leoniſe, que vous avez eſté avec Hermogene : il eſt vray, dit Cleodore, mais c’eſt que Beleſis a accouſtumé de sçavoir mieux les nouvelles que luy. Il ne m’en a pourtant point dit, repliqua t’elle, je voudrois du moins bien sçavoir, reprit Cleodore, de quoy vous avez tant parlé : durant quelque temps, reſpondit Leoniſe, nous nous ſommes entretenus de vous : & le reſte de l’apres-diſnée s’eſt paſſé à dire cent choſes que je ne vous sçaurois