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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/551

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quitter Leoniſe, & retourner à Cleodore, pour eſtre auſſi fidelle que vous avez eſté inconſtant ; je vous promets de ne vous demander jamais rien, & de ne luy deſcouvrir point voſtre crime ; vous proteſtant de plus, de m’eſloigner non ſeulement de Cleodore, mais meſme de Suſe. Mais auſſi je preſens apres cela, que s’il eſt vray que vous aimiez touſjours Leoniſe, & que par conſequent vous ne pretendiez plus rien à Cleodore ; je pretens, dis-je, que vous me ſerviez, & que vous ne vous oppoſiez plus à ce que je veux. Tout ce que vous me dittes eſt ſi raiſonnable (reprit Beleſis, avec une extréme confuſion ſur le viſage) que je meurs de honte d’y reſpondre auſſi extravagamment que je vay faire : mais apres tout Hermogene, ſi vous m’aimez, vous aurez quelque pitiê de la foibleſſe de voſtre Amy : & vous m’excuſerez enfin ſi je vous refuſe : & ſi je vous avoüe que je ne pourrois jamais recevoir un plus ſenſible déplaiſir, que de vous voir aimé de Cleodore, quoy que j’aime touſjours Leoniſe. Je sçay bien, adjouſta t’il, qu’il y a de la folie à parler ainſi : mais apres tout, puis que je ſens ce que je dis, je penſe que je ne dois point déguſer mes ſentimens : c’eſt pourquoy c’eſt à vous qui eſtes plus ſage que je ne ſuis, à vous accommoder à ma foibleſſe. C’eſt vous, adjouſta t’il, qui m’avez amené à Suſe, & qui avez cauſé toutes mes diſgraces : c’eſt donc à vous à les ſoulager. Il eſt vray que je vous ay amené à Suſe, reprit Hermogene, mais c’eſt vous qui m’avez fait connoiſtre particulierement Cleodore : & par conſequent c’eſt donc à vous à ſoulager mes maux, auſſi bien que c’eſt à moy à ſoulager les voſtres. Apres cela, je me mis à leur parler à tous deux, mais je parlay