Aller au contenu

Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/612

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je luy en demanday une copie : de ſorte que je l’ay levë tant de fois en ma vie, que je ne penſe pas que je la puiſſe jamais oublier : voicy donc comme elle eſtoit.


BELESIS A CLEODORE.

J’ay ſi bien merité tous les tourmens que j’endure, que je n’ay aucun droit de vous accuſer d’injuſtice : mais je m’eſtois ſi veritablement repente de ma foibleſſe, que je penſe qu’il me ſeroit permis de murmurer contre voſtre bonté, de ce qu’elle n’a pas voulu m’accorder mon pardon, Cependant je vous reſpecte encore ſi fort, toute irreconciliable que vous eſtes, que je ne me veux pleindre, ny de vous, ny d’Hermogene, mais ſeulement de moy meſme : & pour vous faire voir que j’euſſe pû eſtre fidelle aupres de vous, je vous promets de l’eſtre en des lieux bien eſloignez d’icy. Je vous engage meſme ma parole, de ne me ſouvenir que de vous, durant tout le reſte de la malheureuſe vie que je vay mener : & comme je ſuis devenu criminel en voyant une Perſonne que je ne devois regarder que pour l’amour de vous, je me reſous pour me punir de ma foibleſſe, à ne