Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/622

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de porter une Lettre à la Princeſſe Araminte : & plus grande encore, s’il pouvoit luy en raporter reſponce. Qu’en ſuitte ayant conté peu prés le temps qu’il devoit tarder à ſon voyage, ce meſme homme l’avoit aſſuré que huit jours durant vers le temps qu’il pouvoit revenir, il ſe trouveroit tous les matins au Soleil levant, à un temple qu’il luy avoit marqué, pour aprendre le ſuccés de ſon voyage. Cyrus connoiſſant par l’ingenuité de celuy qui parloit, qu’il ne mentoit pas, ſe contenta de le donner en garde à un des ſiens : & pour teſmoigner à la Princeſſe Araminte le reſpect qu’il luy vouloit rendre, il luy envoya la Lettre qui s’adreſſoit à elle ſans l’ouvrir : commandant toutefois à Chriſante, qui eut ordre de la porter, d’obſerver un peu le viſage de cette Princeſſe, lors qu’elle la liroit. Et en effet, Chriſante obeïſſant ponctuellement à Cyrus, fut trouver la Princeſſe Araminte, & luy rendre cette Lettre : mais à peine eut elle jetté les yeux deſſus, qu’elle la reconnut pour eſtre de Spitridate : de ſorte que l’ouvrant avec toute la precipitation d’une Perſonne qui. mouroit d’envie de sçavoit où eſtoit ce Prince, elle y leût ces paroles.


LE MALHEUREUX SPITRIDATE A LA PRINCESSE ARAMINTE.